Monsieur le vice-syndic,

 

Alors que vous lisez ces lignes, vous vous demandez sans doute quelle mouche a piqué notre équipe d’architectes et d’ingénieurs, nous qui vous proposons de laisser libre de construction la parcelle que vous avez dédiée à la réalisation du nouveau cycle d’orientation.

Cette parcelle de 20’000m2, votre commune y a consacré de l’énergie et de l’argent depuis de nombreuses années. Rappelez-vous, c’était en 1991 déjà que le Conseil  Général approuvait l’acquisition des 12’000 premiers m2. Il y a eu ensuite la légalisation d’une zone d’intérêt général en 2015, puis l’acquisition de la parcelle de Mme Bersier il y a quelque mois et enfin la vente formelle du terrain à l’association du CO vous permettant d’apporter votre contribution en nature au financement de la future construction, soit 3’013’650.- ce qui n’est pas rien.

Il a fallu également convaincre le Conseil Général d’accepter une modification des statuts de l’association du cycle d’orientation des communes de la Broye et de la commune de Villarepos pour rendre possible cette importante réalisation.

Pourquoi faudrait-il maintenant remettre en question toutes ces décisions patiemment et intelligemment construites ?

 

Tout d’abord, et vous l’avez souvent entendu, votre Conseil a souhaité que le projet favorise les synergies avec les infrastructures communales existantes. Mme la Syndique a déjà mis en avant le partage du parking, du chauffage à distance pour la salle polyvalente ou encore l’usage partagé de la salle polyvalente et de la bibliothèque. Pourtant personne n’avait imaginé que ces synergies pourraient permettre non seulement d’épargner 20’000 m2 de terres agricoles mais d’offrir de surcroit à votre commune un vrai stade de football. Imaginez désormais  les matchs du fc Cugy/Montet dans « l’Ecolostade » : le préau couvert se transforme en gradin très confortable, le réfectoire devient buvette, les vestiaires des salles de gymnastique sont mis à disposition des équipes. L’école se mue en stade à chaque match et va faire des envieux loin à la ronde. Sans doute à la grande satisfaction de M. Marmy, de son comité et des cinq équipes du fc Cugy-Montet !

Ici, en effet, la construction de l’école répond non seulement strictement aux besoins de l’enseignement mais s’organise et se met en forme pour apporter une contribution supplémentaire. Nous autres architectes appelons cette manière de concevoir les constructions des ouvrages de synthèse : une construction qui réponde à sa destination première et capable d’un autre usage offert à la collectivité.

Bien sûr, le nouveau local de chauffage est installé directement à proximité de la salle polyvalente, mais c’est un détail. Ou l’entretien des espaces extérieurs du CO qui est réduit au strict minimum, à moins que dorénavant le CO ne prenne à sa charge l’entretien du terrain de football ?

Pour être convaincante, notre proposition doit évidemment proposer un stade de qualité mais avant tout des espaces d’enseignement capables de proposer un idéal climat d’études. De part et d’autre d’une grande distribution horizontale installée sous une prise de lumière, nous avons disposés au sud, ouvertes sur la quiétude de la campagne et sur deux niveaux, les classes d’enseignement général. Au nord ce sont les laboratoires et autres salles d’activités pour lesquels nous avons dessiné des espaces plus introvertis, offrant des vues cadrées sur le village de Cugy complétées par une prise de lumière haute au sud. Ce qui réunit la multiplicité de ces différentes salles, ce sont les locaux communs, bibliothèque et réfectoire disposés bien évidemment sous le grand portique au rez supérieur, là où tous les élèves se retrouveront.

 

Peut-être que ces quelques lignes et les dessins que vous avez sous les yeux vous ont convaincu de l’intérêt de notre démarche?

Mais encore, pensez-vous, faudrait-il qu’un tel projet soit réalisable ou réaliste.

Tout d’abord, et vous devez le savoir, le règlement SIA 142 auquel votre programme s’est conformé prévoit expressément la possibilité de s’écarter des dispositions du programme sur des points essentiels. Notre projet ne doit donc pas être exclu du jugement mais uniquement de la répartition des prix.

Si vous et votre jury estimiez que notre proposition avait un intérêt et méritait d’être remarquée, alors vous pourriez lui attribuer une mention. Et d’aventure si vous pensiez qu’elle devait être réalisée alors vous pourriez la classer au premier rang et la recommander pour la poursuite des études pour autant que la décision du jury soit prise au moins au 3/4 des voix et avec l’accord explicite de tous les membres du jury représentant le Maître de l’Ouvrage.

Admettons donc provisoirement que nous sommes parvenus à vous convaincre du bienfondé de notre proposition et de sa compatibilité avec le règlement SIA. Il reste encore quelques questions à régler.

Tout d’abord, il faudrait s’assurer que le projet proposé ne dépasse pas les budgets annoncés. La topographie nous a permis de minimiser les mouvements de terre : le gradin se pose sur la forme de la terre, les excavations sont réduites et pour le seul usage de la chaufferie, tout le reste est posé sur ou au-dessus du sol. La localisation de l’école permet de se greffer très simplement aux réseaux de voiries existantes, autant pour les piétons qui pourront rejoindre le CO par le parking xxx que pour les véhicules d’intervention sur le chemin xxxx. Avec les différents ingénieurs, nous avons travaillé à une rationalisation de la construction, entièrement préfabriquée, avec des éléments en bois et en béton. L’économie des points d’appuis permet une réduction du nombre de fondations. Bref, toutes les dispositions sont prises pour réaliser une construction efficace et rationnelle capable d’intégrer le surcoût représenté par le portique du rez de chaussée.

Reste, ou resterait, la question de la propriété du sol. Le terrain prévu a en effet été vendu à l’association du CO. Celui sur lequel nous avons installé « l’Ecolostade » est lui aussi en zone d’intérêt général et propriété de votre commune, il représente une surface de 20’xxx m2. Il s’agirait donc de procéder à un échange entre la commune et l’association. La commune serait alors à nouveau propriétaire de 2ha en zone d’intérêt général pour des besoins actuels ou futurs qui ne manqueront pas de survenir. En attendant, l’agriculteur Pierre-André Grandgirard se fera certainement un plaisir d’en poursuivre l’exploitation. L’association du CO devrait quant à elle s’engager à mettre à disposition du fc Cugy-Montet et des différents utilisateurs les terrains de football.

Peut-être votre décision, M. le vice-syndic est-elle déjà prise. Peut-être ces lignes vous ont-elles convaincu du bienfondé et de l’intérêt de notre démarche. Nous le souhaitons parce que nous sommes convaincus que ce projet apporte une contribution aux questions que nous devons tous nous poser au XXIème siècle, un temps où l’impératif d’un développement dit durable devrait nous obliger à aménager le territoire avec une très grande attention.

Bien à vous

Un groupe pluridisciplinaire de mandataires